Sommaire : Trois questions à Judith Brown, Présidente du Siggraph | L'actualité de la semaine | Enseignement | La recherche en pratique | Dans les entreprises | Manifestations | Le livre de la semaine |
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1. L'Asti parraine les
prix CS 2002
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"Une de nos cinq "valeurs" est la transdisciplinarité"
Asti-Hebdo Quels sont actuellement les innovations marquantes dans le domaine des technologies graphiques ?
Judith Brown : On ne peut pas décrire en deux mots un domaine qui réunit chaque année, à notre congrès annuel, quelque 40 000 personnes et 200 à 300 exposants !
Mais s'il faut citer une innovation marquante, je citerai le lissage procédural (procedural shading). Cette technologie s'exprime non seulement par le logiciel, mais aussi par des matériels spécialisés (cartes électroniques). Elle permet des gains substantiels en performances et en coûts. En particulier, elle met à la portée d'un large public la synthèse d'images en temps réel (c'est à dire à un rythme suffisant pour une animation vidéo).
Hebdo : Le Siggraph est-il une association d'informaticiens, d'artistes, de techniciens de l'image, ou encore de mathématiciens ?
J.B.. : Tout cela à la fois. Et l'une de nos cinq "valeurs" est précisément la trans-disciplinarité. C'est ce qui rend nos activités passionnantes. Si vous venez cette année à notre congrès, qui se tient cette année du 21 au 26 juillet à San Antonio (Texas), vous pourrez y rencontrer, au plus haut niveau, les personnalités qui comptent dans tous ces domaines. Et même au delà, puisque nous recevrons cette année l'équipe française "Art graphique et patrimoine". Ses travaux de photogrammétrie architecturale s'appliquent aussi bien aux études archéologiques qu'aux applications multimédia, en passant par les relevés, restitutions et reconstitutions de sculptures.
Cette diversité des profils s'exprime à travers la diversité des modes de rencontre. Un Siggraph, c'est aussi bien des séances de congrès de style traditionnel et des tutoriaux qu'une grande exposition d'art numérique, plusieurs salles de projection (dont le théâtre électronique), un salon principal et des salons annexes (par exemple pour les produits éducatifs ou pour les technologies émergentes), sans oublier les exposés techniques des exposants, les remises de prix et les conférences invitées.
Nous sommes aussi en train d'étudier comment nous pourrons accueillir une représentation du salon français Imagina (Festival international de l'image numérique se déroulant à Monaco sous l'égide de la principauté et du festival de télévision de Monte-Carlo) dans le cadre du Siggraph d'été aux USA.
Hebdo : L'apparition de produits comme le langage Lingo n'annonce-t-elle pas une évolution vers des techniques proches de l'informatique, difficiles à manier par des infographistes et a fortiori des artistes ?
J.B. : Le niveau technique des présentations au Siggraph est très variable selon les différents volets de la manifestation. Certaines séances du congrès, et a fortiori les tutoriaux, peuvent aller très loin dans le détail des techniques mises en jeu. En revanche, d'autres volets sont essentiellement le fait d'artistes et de créateurs.
Quelques personnes, ou quelques ateliers, ont la double compétence. Mais, d'une manière générale, il est vrai que la programmation est difficile à apprendre et n'est pas le fait de la grande majorité des créateurs. En fait, une grande partie du travail des chercheurs et de l'industrie (notamment les éditeurs de logiciels) consiste précisément à partir de technologies complexes pour les intégrer dans des produits faciles à utiliser sans compétences en programmation.
Le gouvernement français précise sa position sur la brevetabilité des logiciels à l'occasion de la publication de la proposition de directive européenne concernant "la brevetabilité des inventions mises en oeuvre par ordinateur".
L'Enssib (Ecole nationale supérieure des sciences de l'information et des bibliothèques), a mis à jour son site "Expertises de ressources" pour l'édition de revues numériques".
On trouve des points de vue d'experts sur le site de le-mag
Rappelons que l'on trouve sur le site Soros l' "appel de Budapest", et un commentaire dans Libé
Enfin, le courriel d' Attac (14 février) publie un texte intitulé "Du droit d'auteur contre les auteurs" émanant d'une sous-commission du groupe « Science et société » de l'Académie des sciences. Nous le reprenons ci-après, étant donné son caractère synthétique et ouvert :
"Faut-il appliquer aux publications scientifiques la Directive européenne 2001/29/CE du 22 mai 2001 sur le copyright ?
"La Directive défend en principe les intérêts des auteurs en assurant aux éditeurs qui diffusent leurs oeuvres des protections légales, notamment contre la copie illicite. Cependant son application aux publications scientifiques notamment à la "littérature" dite "primaire" (revues scientifiques hebdomadaires ou mensuelles), essentiellement lue par des chercheurs, pourrait nuire à la diffusion des résultats de la recherche au sein et à l'extérieur de la communauté scientifique.
"La différence entre un auteur chercheur et un auteur ordinaire est que le chercheur ne cherche pas à tirer un avantage financier de sa publication. Le bénéfice qu'il en attend est une contribution au mécanisme de la "reconnaissance" qui est la "marchandise" échangée entre eux par les chercheurs. Les auteurs scientifiques ont intérêt à ce que leur travail soit le plus diffusé possible, y compris par la copie, puisque cette diffusion même constitue leur "rémunération". Sur ce besoin de la communauté scientifique s'est monté le système de publications construit soit par des sociétés savantes, soit par des éditeurs commerciaux. Ils tirent leurs revenus des abonnements à leurs revues payées par les bibliothèques, les organismes de recherche ou les chercheurs individuels. Ils obtiennent facilement des auteurs l'abandon à leur profit du copyright. Maintenant les éditeurs veulent faire valoir leurs droits en exigeant des compensations financières pour les photocopies ou les prêts inter-bibliothèques. Mais à aucun moment il n'est question de faire profiter de ces droits les auteurs ou les institutions qui ont financé la recherche.
"Le domaine des publications scientifiques est donc très différent de celui des publications ordinaires. Il semble qu'il ne soit pas possible (opportun) d'appliquer le même corpus légal à deux activités aussi différentes, en particulier parce que si les chercheurs ont, de fait, abandonné aux éditeurs le droit patrimonial, ils conservent le droit moral sur leur oeuvre, qui est généralement le résultat du financement public de la recherche par la collectivité.
"Deux positions s'affrontent, certains estiment que la "littérature" scientifique est un bien public et qu'elle ne doit pas être contrôlée et possédée par des intérêts privés, d'autres que les éditeurs rendent un véritable service à la recherche en publiant les articles après les avoir fait évaluer et en assurant la distribution de l'information, service qui doit être normalement rémunéré. La situation a considérablement évolué ces dernières années avec la possibilité de mettre les articles en accès direct sur la Toile et donc pour les chercheurs d'exploiter une forme nouvelle d'édition et de diffusion caractérisée par sa rapidité et par la possibilité de présenter les images qui accompagnent les textes d'une manière plus efficace que sur le papier.
"Une polémique fait rage depuis Avril 2001 dans les pages du magazine britannique "Nature" : www.nature.com/nature/debates/e-access/ Trois partenaires s'affrontent : les chercheurs dont beaucoup ont pris une position radicale appelant par exemple au boycott des revues qui refusent de mettre leurs articles en libre accès sur le réseau au bout de six mois, les éditeurs qui font valoir leurs services, et les bibliothèques principaux clients des revues et toujours à court d'argent.
"Ce débat ne peut être ignoré au niveau de l'application d'une Directive européenne sur le copyright alors que les Institutions scientifiques (notamment la Royal Society) ont dûment averti durant sa conception les responsables européens de la complexité de la situation. Le problème de la publication scientifique est en pleine évolution, il s'agit bien sûr de la publication en langue anglaise à l'échelle internationale dans laquelle les États-Unis, et les lois américaines, jouent un rôle majeur. On sait qu'en France les publications sont en crise en raison du problème de la langue et de la faiblesse des structures éditoriales nationales, auxquelles se substituent souvent des éditeurs européens, le plus souvent commerciaux. Les bibliothèques sont aussi en France dans une position très difficile notamment les Bibliothèques universitaires, un problème dont les pouvoirs publics se soucient peu. Il paraîtrait judicieux de suspendre l'application de la Directive européenne "copyright" aux publications scientifiques, en raison de leur spécificité, et dans l'attente d'une clarification de la situation internationale, ou au moins de la définition d'une position française dans ce débat. Beaucoup de choses sont liées aux développements du Web qui dépendent eux mêmes d'une autre question controversée, celle des logiciels libres (nécessaires pour "naviguer" à travers l'immense littérature scientifique). Il existe plusieurs propositions de structure destinée à accueillir les publications scientifiques, par exemple le projet "Public Library of Science" www.publiclibraryofscience.org
"Il serait utile aussi que des Institutions françaises puissent participer au débat international qui s'est engagé et que les spécificités nationales comme celles de la langue et de la francophonie puissent être prises en compte (s'il existe un jour une grande bibliothèque virtuelle des publications scientifiques encore faut-il qu'elle puisse traiter les articles en français ...)
"Nous croyons utile de soumettre ces réflexions à quelques auteurs, éditeurs et bibliothécaires scientifiques. Si elles reçoivent votre agrément, moyennant éventuellement quelques retouches, nous vous serions reconnaissants de nous le faire savoir. Nous pourrions alors envisager une consultation plus large en vue de tenter d'obtenir la suspension de l'application de la Directive aux publications scientifiques, (les États Membres peuvent proposer des exceptions), et d'élaborer des propositions sur leur avenir possible."
Au nom de la Sous-Commission du Groupe "Science Société" de l'Académie des Sciences chargée des questions de propriété intellectuelle : Paul Caro (Académie des Sciences, Chimie), le 9 décembre 2001
Signataires initiaux : (délégués de sections, Académie des Sciences). Roger Balian (Physique) ; Robert Corriu (Chimie) ; Jules Hoffmann (Biologie animale et végétale) ; Jean-Pierre Kahane (Mathématique) ; Pierre Léna (Sciences de l'Univers) ; Yves Meyer (Sciences mécaniques) ; Bernard Roques (Biologie cellulaire et moléculaire) ; Pierre Tiollais (Biologie humaine et sciences médicales)
Plus d'informations, texte de la directive et signature sur le site de l' UJF-Grenoble.
Ces prix ont destinés à récompenser de jeunes (moins de 40 ans) chercheurs et ingénieurs âgés de moins de 40 ans. Leurs travaux doivent apporter des innovations significatives, débouchant sur des applications importantes pour le monde de l'entreprise.
D'une valeur de 7 500 Euros chacun, il seront attribués sur les thèmes suivants :
- Mathématiques appliquées et calcul scientifique,
- Systèmes d'information et de communication.
Les dossiers de candidature doivent être adressés avant le 31 mars. S'adresser à Dorian Monneret, CS Communication & Systèmes, 1 Avenue Newton, 92142 CLAMART Cedex. Téléphone (01) 41 28 43 50, fax (01) 41 28 40 48, Mail : dorian.monneret@c-s.fr.
Elle a pour thème "Développement et globalisation". Citons le comuniqué de l'organisateur, Jean-Claude Rault :
"La dernière décennie a été marquée par une multitude de concentrations industrielles et de fusions d’entreprises, au niveau tant national qu’international. Pour les entreprises engagées dans l’élaboration de logiciels et de systèmes informatisés, ceci se traduit par la nécessité d’un développement réparti géographiquement et du recours constant aux technologies de systèmes répartis. Cette évolution ne peut qu’avoir un impact profond sur les techniques, les processus et les pratiques du génie logiciel et de l’ingénierie de systèmes, en usage aujourd’hui et, pour l’essentiel, reflétant des contextes industriels, commerciaux et technologiques maintenant révolus. Ainsi, il est loisible de se poser des questions, entre autres, quant à la réalité et à l’efficacité des équipes virtuelles hors de toute proximité physique, de l’usage des techniques et des outils reposant sur Internet ou des projets ayant recours aux composants ouverts.
"Organisée par le Centre pour la Maîtrise des Systèmes et du Logiciel (CMSL) du CNAM et tenue du 3 au 5 décembre 2002, la quinzième édition des Journées Internationales “Génie Logiciel & Ingénierie de Systèmes et leurs Applications” (ICSSEA 2002) a pour ambition de faire le point sur l’évolution en cours des outils, méthodes et processus relatifs à l’élaboration des logiciels et des systèmes. L’accent sera mis plus particulièrement sur l’évolution du génie logiciel et de l’ingénierie de systèmes tenant compte des contraintes de la globalisation des développements et de l’exploitation des systèmes informatisés."
Soumission des communications : Jean-Claude Rault
Deux conférences magistrales : Ehhehard EGGS (Université de Hanovre) et Philippe d'Iribarne, et 23 communications en séance plénière et ateliers représentant sept pays.
Site espagnol participant : terminalat.
Bien que la technicité de l'ensemble cible ces articles sur la population spécialisée des concepteurs, même des généralistes trouveront intérêt (et même plaisir) à au moins parcourir l'article de synthèse et à voir comment les préoccupations industrielles et écologiques peuvent pénétrer jusqu'au coeur de notre cher silicium.
En prime, l'éditorial de Jean-Louis Giavitto sur les générateur automatiques de textes, et le Pipotron en particulier, reprend avec bohneur un genre littéraire inauguré il y a presque quarante ans par Robert Escarpit dans "Le littératron" (Flammarion 1964).
- Le dessin symbolique rapide, guide méthodologique, par Jacques Mercoiret. Propose une démarche et des techniques permettant "de visualiser tous les concepts et toutes les idées, aussi abstraites et complexes soient-ils", à l'intention de publics analphabètes ou lettrés. NDLR : un peu ambitieux, peut-être...
- Le patrimoine à l'ère du document numérique. Du musée virtuel au musée médiathèque, par Corinne Welger-Barboza. "Le musée virtuel résulte en fait d'une intepréation du support numérique qui en hypostasie la portée spectaculaire au lieu d'en favoriser l'appréhension documentaire".
- Kosovo, les mémoires qui tuent, la guerre vue sur Internet, par Chantal Quesney. Elle retrace les jalons d'une pathologie mémorielle à partir d'une typologie des discours rencontrés sur Internet.